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LA FETE

DE BÉLÉBAT

A SON ALTESSE SERENISSIME

MADEMOISELLE DE CLERMONT*

Los citoyens de Bélébnt ne peuvent vous rendre compte que de leurs divertissements et de leurs fêtes ; ils n’ont ici d’affaires que celles de leurs plaisirs. Bien différents en cela de M. votre frère aîné-, qui ne travaille tous les jours que pour le bonheur des autres. Nous sommes tous devenus ici poètes et musiciens, sans pourtant être devenus bizarres. \ous avons de fondation un grand homme qui excelle en ces deux genres ; c’est le curé de Courdimanche : ce bonhomme a la tète tournée de vers et de musique, et on le prendrait volontiers pour l’aumônier du cocher de M. de Vertamont^ Nous le couronnâmes poëte hier en céré- monie dans le château de Bélébat, et nous nous flattons que le bruit de cette fête magnifique excitera partout l’émulation, et ranimera les heaux-arts en France.

On avait illuminé la grand’salle de Bélébat, au bout de laquelle on avait dressé un trône sur une table de lansquenet : au-dessus du trône pendait à une ficelle imperceptible une grande couronne de laurier, où était renfermée une petite lan- terne allumée, qui donnait à la couronne un éclat singulier.

1. Elle était surintendante do la naison de la reine, et sa sœur, la princesse de Vermandois, avait été proposée pour être reine de France elle-même. M"^ de C.lerniont est le sujet d’un roman do M’"* do Genlis. (G. A.)

2. M. le Duc, premier ministre. Louis-Henri de Bourbon, prince de Condé, né en 1692, mort en 1740.

i. Chansonnier du Pont-Neuf.