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Ah ! ne redoutez rien, sa perte est résolue :
Vainement l'infidèle espère en mon amour,
Mon coeur à la clémence est fermé sans retour ;
Loin de craindre ces yeux qui m'avaient trop su plaire,
Je sens que sa présence aigrira ma colère.
Gardes, que dans ces lieux on la fasse venir.
Je ne veux que la voir, l'entendre, et la punir.
Ma soeur, pour un moment souffrez que je respire.
Qu'on appelle la reine ; et vous, qu'on se retire.


Scène III.

HÉRODE.

Tu veux la voir, Hérode ; à quoi te résous-tu ?
Conçois-tu les desseins de ton coeur éperdu ?
Quoi ! son crime à tes yeux n'est-il pas manifeste ?
N'es-tu pas outragé ? que t'importe le reste ?
Quel fruit espères-tu de ce triste entretien ?
Ton coeur peut-il douter des sentiments du sien ?
Hélas ! tu sais assez combien elle t'abhorre.
Tu prétends te venger ! pourquoi vit-elle encore ?
Tu veux la voir ! ah ! lâche, indigne de régner,
Va soupirer près d'elle, et cours lui pardonner.
Va voir cette beauté si longtemps adorée.
Non, elle périra ; non, sa mort est jurée.
Vous serez répandu, sang de mes ennemis,
Sang des Asmonéens dans ses veines transmis,
Sang qui me haïssez, et que mon coeur déteste.
Mais la voici : grand Dieu ! quel spectacle funeste !


Scène IV.

Mariamne, Hérode, Élise, Gardes.
ÉLISE.

Reprenez vos esprits, madame, c'est le roi.

MARIAMNE.

Où suis-je ? où vais-je ? Ô Dieu ! Je me meurs ! je le vois.

HÉRODE.

D'où vient qu'à son aspect mes entrailles frémissent ?