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Je ne ferai point une criticiue détaillée de cette pièce : les lecteurs la feront assez sans moi. Mais je crois qu’il est nécessaire ({ue je parle ici d"uiie critique générale qu’on a faite sur le choix du sujet de Mariamne. Comme le génie des Français est de saisir vivement le côté ridicule des choses les ])lus sérieuses, on disait que le sujet de Mariamne n’était autre chose qu’((H vieux mari amoureux et brutal, à ([ui sa femme refuse avec aigreur te devoir conjugal : et on ajoutait qu’une querelle de ménage ne pouvait jamais faire une tragédie. Je supplie qu’on fasse avec moi quelques réflexions sur ce préjugé.

Les pièces tragiques sont fondées, ou sur les intérêts de toute une nation, ou sur les intérêts particuliers de quelques princes. De ce premier genre sont VIphigénie en Aulide, où la Grèce assem- hlée demande le sang de la fille d’Agamemnon ; les Horaces, où trois comhattants ont entre les mains le sort de Rome ; VŒdipe, où le salut des Théhains dépend delà découverte du meurtrier de Laïus. Du second genre sont Britannicus, Phèdre, Mithridate, etc.

Dans ces trois dernières, tout l’intérêt est renfermé dans la famille du héros de la pièce ; tout roule sur des passions que des bourgeois ressentent comme les princes ; et l’intrigue de ces ouvrages est aussi propre à la comédie qu’à la tragédie. Otez les noms, « Mithridate n’est qu’un vieillard amoureux d’une jeune fille : ses deux fils en sont amoureux aussi ; et il se sert d’une ruse assez basse pour découvrir celui des deux qui est aimé. Phèdre est une belle-mère qui, enhardie par une intrigante, fait des propositions à son beau-fils, lequel est occupé ailleurs. Néron est un jeune homme impétueux qui devient amoureux tout d’un coup, qui dans le moment veut se séparer d’avec sa femme, et qui se cache derrière une tapisserie pour écouter les discours de sa maîtresse. » Voilà des sujets que Molière a pu traiter comme Racine : aussi l’intrigue de l’ Avare est-elle précisément la même que celle de Mithridate. Harpagon et le roi de Pont sont deux vieillards amoureux : l’un et l’autre ont leur fds pour rival : l’un et l’autre se servent du même artifice pour découvrir l’intelligence qui est entre leur fils et leur maîtresse ; et les deux pièces finissent par le mariage du jeune homme.

Molière et Racine ont également réussi en traitant ces deux intrigues : l’un a amusé, a réjoui, a fait rire les honnêtes gens ; l’autre a attendri, a effrayé, a fait verser des larmes. Molière a