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GÉNÉALOGIE.

Égyptiens font tant valoir, il retourna en son pays, et que, tout fier des miracles qu’il savait faire, il se proclama lui-même Dieu.

Suivant une tradition très-ancienne, ce nom de Panther, qui a donné lieu à la méprise des Juifs, était le surnom du père de Joseph, comme l’assure saint Épiphane[1] ; ou plutôt le nom propre de l’aïeul de Marie, comme l’affirme saint Jean Damascène[2].

Quant à l’état de serviteur qu’ils reprochaient à Jésus, il déclare lui-même[3] qu’il n’était pas venu pour être servi, mais pour servir. Zoroastre, selon les Arabes, avait également été serviteur d’Esdras, Épictète était même né dans la servitude ; aussi saint Cyrille de Jérusalem a grande raison de dire[4] qu’elle ne déshonore personne.

Sur l’article des miracles, nous apprenons à la vérité de Pline que les Égyptiens avaient le secret de teindre des étoffes de diverses couleurs en les plongeant dans la même cuve ; et c’est là un des miracles qu’attribue à Jésus l’Évangile de l’enfance[5] ; mais, comme nous l’apprend saint Chrysostome[6], Jésus ne fit aucun miracle avant son baptême, et ceux qu’on lui attribue sont de purs mensonges. La raison qu’en donne ce Père, c’est que la sagesse du Seigneur ne lui permettait pas d’en faire pendant son enfance, parce qu’on les aurait regardés comme des prestiges.

C’est en vain que saint Épiphane[7] prétend que de nier les miracles que quelques-uns attribuent à Jésus dans son enfance, ce serait fournir aux hérétiques un prétexte spécieux de dire qu’il ne devint fils de Dieu que par l’effusion du Saint-Esprit, qui descendit sur lui dans son baptême ; ce sont les Juifs que nous combattons ici, et non pas les hérétiques.

M. Wagenseil nous a donné la traduction latine d’un ouvrage des Juifs, intitulé Toldos Jeschu, dans lequel il est rapporté[8] que Jeschu étant à Bethléem de Juda, lieu de sa naissance, il se mit à crier tout haut : « Quels sont ces hommes méchants qui prétendent que je suis bâtard et d’une origine impure ? ce sont eux qui sont des bâtards et des hommes très-impurs. N’est-ce pas une mère vierge qui m’a enfanté ? Et je suis entré en elle par le sommet de la tête. »

Ce témoignage a paru d’un si grand poids à M. Bergier que ce savant théologien n’a point fait difficulté de l’employer sans

  1. Hérésie, lxxviii. (Note de Voltaire.)
  2. Livre IV, chap. xv, de la Foi. (Id.)
  3. Matthieu, chapitre xx, v. 28. (Id.)
  4. Sixième catéchèse, article xiv. (Id.)
  5. Article xxxvii. (Note de Voltaire.)
  6. Homélie xx, sur saint Jean, (ld.)
  7. Hérésie, li, n° 20. (Id.)
  8. Page 7. (Id.)