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FIGURE.

sang, gonflé dans tous ses canaux, s’épure de lui même : c’est un fleuve qui entraîne mille immondices ; il s’en décharge par la transpiration, par les sueurs, par toutes les sécrétions, par toutes les évacuations. La fièvre est elle-même un secours : elle est une guérison, quand elle ne tue pas.

L’homme, par sa raison, accélère la cure, avec des amers et surtout du régime. Il prévient le retour des accès. Cette raison est un aviron avec lequel il peut courir quelque temps la mer de ce monde, quand la maladie ne l’engloutit pas.

On demande comment la nature a pu abandonner les animaux, son ouvrage, à tant d’horribles maladies dont la fièvre est presque toujours la compagne ; comment et pourquoi tant de désordre avec tant d’ordre, la destruction partout à côté de la formation. Cette difficulté me donne souvent la fièvre ; mais je vous prie de lire les Lettres de Memmius[1] : peut-être vous soupçonnerez alors que l’incompréhensible artisan des mondes, des animaux, des végétaux, ayant tout fait pour le mieux, n’a pu faire mieux.



FIGURE[2].


Si on veut s’instruire, il faut lire attentivement tous les articles du grand Dictionnaire de l’Encyclopédie, au mot Figure.

Figure de la terre, par M. d’Alembert : ouvrage aussi clair que profond, et dans lequel on trouve tout ce qu’on peut savoir sur cette matière.

Figure de rhétorique, par César Dumarsais : instruction qui apprend à penser et à écrire, et qui fait regretter, comme bien d’autres articles, que les jeunes gens ne soient pas à portée de lire commodément des choses si utiles. Ces trésors, cachés dans un Dictionnaire de vingt-deux volumes in-folio, d’un prix excessif, devraient être entre les mains de tous les étudiants pour trente sous.

Figure humaine, par rapport à la peinture et à la sculpture : excellente leçon donnée par M. Watelet à tous les artistes.

Figure, en physiologie : article très-ingénieux, par M. d’Abbés de Caberoles.

Figure, en arithmétique et en algèbre, par M. Mallet.

Figure, en logique, en métaphysique et belles-lettres, par M. le chevalier de Jaucourt, homme au-dessus des philosophes de

  1. Elles sont dans les Mélanges, année 1771.
  2. Questions sur l’Encyclopédie, sixième partie, 1771. (B.)