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ANNALES DE L’EMPIRE.

Ce pape frère Pierre va, la corde au cou, se présenter devant le pape, qui le fait enfermer dans une prison, où il mourut au bout de trois ans[1]. On ne sait s’il avait stipulé ou non qu’il ne serait pas enfermé.

Christophe, roi de Danemark, est déposé par les États du pays. Il a recours à l’empire. Les ducs de Saxe, de Mecklenbourg, et de Poméranie, sont nommés par l’empereur pour juger entre le prince et les sujets. C’était faire revivre les droits éteints de l’empire sur le Danemark. Mais Gérard, comte de Holstein, régent du royaume, ne voulut pas reconnaître cette commission. Le roi Christophe, avec les forces de ces princes et du margrave de Brandebourg, chasse le régent, et remonte sur le trône.

Louis de Bavière veut se réconcilier avec le pape, et lui envoie une ambassade. Jean XXII, pour réponse, mande au roi de Bohême qu’il ait à faire déposer l’empereur.

1331. Le roi de Bohême Jean, au lieu d’obéir au pape, se lie avec l’empereur, et marche en Italie avec une armée, en qualité de vicaire de l’empire. Ayant réduit quelques villes comme Crémone, Parme, Pavie, Modène, il est tenté de les garder pour lui, et dans cette idée il s’unit secrètement avec le pape. Les guelfes et les gibelins[2], alarmés, se réunissent contre Jean XXII et contre Jean de Bohême.

L’empereur, craignant un vicaire si dangereux, excite contre lui Othon d’Autriche, frère de ce même Frédéric, son rival pour l’empire ; tant les intérêts changent en peu de temps !

Il suscite le marquis de Misnie, et Charobert, roi de Hongrie, et jusqu’à la Pologne. Il est donc prouvé qu’alors il pouvait bien peu par lui-même. L’empire fut rarement plus faible ; mais l’Allemagne dans tous ces troubles est toujours respectée des étrangers, toujours hors d’atteinte.

Le roi de Bohême, revenu en Allemagne, bat tous ses ennemis l’un après l’autre. Il laisse son fils Charles vicaire en Italie malgré Louis de Bavière, et pour lui il va jusqu’en Pologne. Ce roi de Bohême Jean était alors le véritable empereur par son pouvoir.

Les guelfes et les gibelins, malgré leur antipathie, se liguent contre le prince Charles de Bohême en Italie. Le roi son père, vainqueur en Allemagne, passe les Alpes pour secourir son fils. Il arrive lorsque ce jeune prince vient de remporter une victoire signalée le 25 novembre, vers le Tyrol.

  1. En 1330.
  2. Voyez années 1080, 1138 et 1230.