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POÉSIES MÊLÉES. 363

Il se montre le digne émule,

Les enfants disent : « C'est Fréron. »

Sitôt qu'un libelle imbécile Croqué par quelque polisson Court dans les cafés de la ville, « Fi, dit-on, quel ennui! quel style! C'est du Fréron, c'est du Fréron! »

Si quelque pédant fanfaron Vient étaler son ignorance. S'il prend Gillot pour Cicéron, S'il vous ment avec impudence, On lui dit : « Taisez-vous, Fréron. »

L'autre jour un gros ex-jésuite, Dans le grenier d'une maison, Rencontra fille très-instruite ' Avec un beau petit garçon.

Le bouc s'empara du giton. On le découvre, il prend la fuite. Tout le quartier à sa poursuite Criait : (( Fréron, Fréron, Fréron. »

Lorsqu'au drame de monsieur Hume *

On bafouait certain fripon.

Le parterre, dont la coutume

Est d'avoir le nez assez bon.

Se disait tout haut : « Je présume

Qu'on a voulu peindre Fréron. »

Cependant, fier de son renom, Certain maroufle se rengorge; Dans son antre à loisir il forge Des traits pour l'indignation. Sur le papier il vous dégorge De ses lettres le froid poison. Sans songer qu'on serre la gorge Aux gens du métier de Fréron,

1. C'est sous le nom de Hume que Voltaire a donné l'Écossaise; voyez tome IV du Théâtre, page 409.

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