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472 POÉSIES MÊLÉES.

10. — NUIT BLANCHE DE SULLY i. (1716)

A MADAME DE LA VRILLIÈRE

Quelle beauté, dans cette nuit profonde,

Vient éclairer nos rivages heureux?

Serait-ce point la nymphe de cette onde,

Qu'amène ici le satyre amoureux?

Je vois s'enfuir la jalouse dryade,

Je vois venir le faune dangereux ;

Non, ce n'est point une simple naïade ;

A tant d'attraits dont nos cœurs sont frappés,

A tant de grâce, à cet art de nous plaire,

A ces Amours autour d'elle attroupés.

Je reconnais Vénus, ou La Vrillière,

déité! qui que ce soit des deux.

Vous qui venez prendre un rhume en ces lieux.

Heureux cent fois, heureux l'aimable asile

Qui vers minuit possède vos appas!

Et plus heureux les rimeurs qu'on exile

Dans ces jardins honorés par vos pas !

A MADAME DE LISTENAY.

Aimable Listenay, notre fête grotesque

Ne doit point déplaire à vos yeux : Les Amours, eu chiants-lit déguisés dans ces lieux. Sont toujours les Amours, et l'habit romanesque Dont ils sont revêtus ne les a pas changés : Vous les voyez encore autour de vous rangés ; Ces guenillons brillants, ces masques, ce mystère. Ces méchants violons dont on vous étourdit,

Ce bal, et ce sabbat maudit, Tout cela dit pourtant que l'on voudrait vous plaire.

��1. Château où Voltaire passa le temps de son exil.

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