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De qui les mains cueillent des fleurs,
Et de qui les pas les font naître,
En philosophe ose paraître
Dans les profondeurs des détours
Où l’on voit les épines croître ;
Et la maîtresse des Amours
A choisi Newton pour son maître !
Je vois cette jeune beauté,
Du palais de la Volupté,
Se promener d’un pas agile
Au temple de la Vérité.
La route en était difficile ;
Mais elle est avec Cideville,
Dans ces deux temples si fêté.
Jusqu’où n’a-t-elle point été
Avec ce conducteur habile ?
Je vois que la nature a fait,
Parmi ses œuvres infinies,
Deux fois un ouvrage parfait :
Elle a formé deux Émilies.




ÉPÎTRE LIV.


AU PRINCE ROYAL DE PRUSSE.


(1738)


Vous ordonnez que je vous dise
Tout ce qu’à Cirey nous faisons :
Ne le voyez-vous pas sans qu’on vous en instruise ?
Vous êtes notre maître, et nous vous imitons :
Nous retenons de vous les plus belles leçons
De la sagesse d’Épicure ;
Comme vous, nous sacrifions
À tous les arts, à la nature ;
Mais de fort loin nous vous suivons.
Ainsi, tandis qu’à l’aventure