Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome10.djvu/236

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les Grâces vous servent d’escorte,
Et l’Amour vous tend les bras.
Voyez-vous déjà paraître
Tout ce peuple de beautés,
Esclaves des voluptés
D’un amant qui parle en maître ?
Faites vite du mouchoir
La faveur impérieuse
À la beauté la plus heureuse,
Qui saura délasser le soir
Votre Altesse victorieuse.
Du séminaire des Amours,
À la France votre patrie,
Daignez envoyer pour secours
Quelques belles de Circassie.
Le saint-père, de son côté,
Attend beaucoup de votre zèle,
Et prétend qu’avec charité
Sous le joug de la vérité
Vous rangiez ce peuple infidèle.
Par vous mis dans le bon chemin,
On verra bientôt ces infâmes,
Ainsi que vous, boire du vin,
Et ne plus renfermer leurs femmes.
Adieu, grand prince, heureux guerrier !
Paré de myrte et de laurier,
Allez asservir le Bosphore :
Déjà le Grand Turc est vaincu ;
Mais vous n’avez rien fait encore
Si vous ne le faites cocu.