Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome10.djvu/124

Cette page n’a pas encore été corrigée

LA VANITE

(1760)

« Qu’as-tu, petit bourgeois 2 d’une petite ville ?
Quel accident étrange, en allumant ta bile,
A sur ton large front répandu la rougeur?

1. La Vanité est de la fin de juin. Voltaire nomme cette pièce dans sa lettre à Mme d’Épinay, du 30 juin 1760. Il en parle même dans la lettre à d’Argental, du 27. Il donnait la Vanité comme l’ouvrage d’un frère de la Doctrine chrétienne, et c’est sous cette qualité que l’auteur est indique dans une édition en sept pages in-8", et dans la note ci-dessous.

La Vanité et autres pièces, soit en vers, soit en prose, font partie du volume intitule Recueil de facéties parisiennes vour les six w^^niers mois de l’an 1700. Elles y sont précédées de l’Avertissement que voici :

« Le sieur L.-F., auteur de la Prière du déiste que l’on trouvera ici, et du Voyage de Provence, ayant été admis à l’.^cadémie française, fit attendre six mois sa harangue de remerciement, et la prononça enfin le 10 mars 1760. Mais au lieu de remercier l’Académie, il fit un long discours contre les belles-lettres et contre l’Académie, dans lequel il dit que « l’abus des talents, le mépris de la religion, la « haine de l’autorité, sont le caractère dominant des productions de ses confrères; « que tout porte l’empreinte d’une littérature dépravée, d’une morale corrompue, Il et d’une philosophie altière qui sape également le trône et l’autel; que les gens Il de lettres déclament tout iiaut contre les richesses (parce qu’on ne déclame pas «tout bas), et qu’ils portent envie secrètement aux riches, etc. » Cet étrange discours, si déplacé, si peu mesuré, si injuste, valut alors au sieur L.-F. les pièces qu’on va lire. Le sieur L.-F., au lieu de se rétracter honnêtement comme il le devait, composa un Mémoire justificatif, qu’il dit avoir présenté au roi, et il s’exprime ainsi dans ce Mémoire : « 11 faut que l’univers sache que le roi s’est occupé de mon Mémoire, etc. » Il dit ensuite : « Un homme do ma naissance. » Ayant poussé la modestie à cet excès, il voulut encore avoir celle de faire mettre au titre de son ouvrage : Mémoire de 3L L.-F., imprimé par ordre du roi; mais comme Sa Majesté ne fait point imprimer les ouvrages qu’elle ne peut lire, ce titre fut supprimé. Cette démarche lui attira VÈpître d’un Frère de la Charité, qu’on trouvera. aussi dans ce recueil. »

Cet Avertissement, qui a quelque air de famille avec la note suivante, est-il de Morellet ou de Voltaire ? Je n’ose prononcer: mais il m’a semblé que c’était ici que cet Avertissement pouvait ou devait trouver place. (B.)

2. Un provincial, dans un mémoire, a imprimé ces mots: « Il faut que tout l’univers sache que Leurs Majestés se sont occupées de mon discours. Le roi l’a voulu voir ; toute la cour l’a voulu voir. » Il dit, dans un autre endroit, que « sa naissance est encore au-dessus de son discours ». Un frère de la Doctrine chrétienne a trouvé peu d’humilité chrétienne dans les paroles de ce monsieur; et.