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M. Gripon.

Lisez. L’ordre est très net, que faire ?À votre chef
Obéir sans réplique, et tout bâcler en bref.
Il reviendra bientôt ; et même, par avance,
Son commis vient régler des comptes d’importance.
J’ai peu de temps à perdre ; ayez la charité
De dépêcher la chose avec célérité.

Madame Duru.

La proposition, mes enfants, doit vous plaire.
Comment la trouvez-vous ?

Damis, Érise, ensemble.

Comment la trouvez-vous ?Tout comme vous, ma mère.

Le Marquis, à M. Gripon.

De nos communs désirs il faut presser l’effet.
Ah ! que de cet hymen mon cœur est satisfait !

M. Gripon.

Que ça vous satisfasse, ou que ça vous déplaise,
Ça doit importer peu.

Le Marquis.

Ça doit importer peu.Je ne me sens pas d’aise.


M. Gripon.

Pourquoi tant d’aise ?

Le Marquis.

Pourquoi tant d’aise ?Mais j’ai cette affaire à cœur.

M. Gripon.

Vous, à cœur mon affaire ?

Le Marquis.

Vous, à cœur mon affaire ?Oui, je fuis serviteur
De votre ami Duru, de toute la famille,
De madame sa femme, et surtout de sa fille.
Cet hymen est si cher, si précieux pour moi !…
Je fuis le bon ami du logis.

M. Gripon.

Je fuis le bon ami du logis.Par ma foi,
Ces amis du logis font de mauvais augure.
Madame, sans amis, hâtons-nous de conclure.

Érise.

Quoi, sitôt ?

Madame Duru.

Quoi, sitôt ?Sans donner le temps de consulter,
De voir ma bru, mon gendre, et sans les présenter ?
C’est pouffer avec nous vivement votre pointe.