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ACTE II, SCÈNE I. 5i4

11 pense, en m’immolant à ses secrets desseins, Appuyer de mes droits ses droits trop incertains. Pour moi, si Ninias, à qui, dès sa naissance, Ninus m’avait donnée aux jours de mon enfance : Si héritier du sceptre à moi seule promis Voyait encor le jour près de Sémiramis ; S11 me donnait son cœur avec le rang suprême. J’en atteste Tamour, j’en jure par vous-même, Ninias me verrait préférer aujourd’hui Un exil avec vous, à ce trône avec lui. Les campagnes du Scythe, et ses climats stériles, Pleins de votre grand nom, sont d’assez doux asiles : Le sein de ces déserts, où naquit notre amour, Est pour moi Babylone, et deviendra ma cour. Peut-être l’ennemi que cet amour outrage A ce doux châtiment ne borne point sa rage. J’ai démêlé son âme, et j’en vois la noirceur ; Le crime, ou je me trompe, étonne peu son cœur. Votre gloire déjà lui fait assez d’ombrage ; Il vous craint, il vous hait.

ARZACE.

Je le hais davantage ; Mais je ne le crains pas, étant aimé de vous. Conservez vos bontés, je brave son courroux. La reine entre nous deux tient au moins la balance. Je me suis vu d’abord admis en sa présence ; Elle m’a fait sentir, à ce premier accueil. Autant d’humanité qu’Assur avait d’orgueil ; Et relevant mon front, prosterné vers son trône, M’a vingt fois appelé l’appui de Babylone. Je m’entendais flatter de cette auguste voix Dont tant de souverains ont adoré les lois ; Je la voyais franchir cet immense intervalle Qu’a mis entre elle et moi la majesté royale : Que j’en étais touché ! qu’elle était à mes yeux La mortelle, après vous, la plus semblable aux dieux !

AZÉMA.

Si la reine est pour nous, Assur en vain menace, Je ne crains rien.

ARZACE.

J’allais, plein d’une noble audace, Mettre à ses pieds mes vœux jusqu’à vous élevés.