472 LA PRUDE.
BLANFORD.
N’ayez point peur.
ADINE.
Gardez donc le silence : Voici quelqu’un sûrement qui s’avance.
SCÈNE V.
(Le théAtre représente une nuit.)
ADINE, BLANFORD, dun côté ; DORFISE, de l’autre,
à tâtons.
DORFISE.
J’entends, je crois, la voix de mon amant. Qu’il est exact ! Ahl quel enfant charmant !
ADINE.
Chut !
DORFISE.
Chut ! c’est vous ?
ADINE.
Oui, c’est moi dont le zèle Pour ce que j’aime est à jamais fidèle ; C’est moi qui veux lui prouver en ce jour Qu’il me devait un plus tendre retour.
DORFISE.
Ah ! je ne puis en donner un plus tendre ; Pardonnez-moi si je vous fais attendre ; Mais Bartolin, que je n’attendais pas, Dans le logis se promène à grands pas. 11 semble encor que quelque jalousie, Malgré mes soins, trouble sa fantaisie.
ADINE.
Peut-être il craint de voir ici Blanford ; C’est un rival bien dangereux.
DORFISE.
D’accord. Hélas ! mon fils, je me vois bien à plaindre. Tout à la fois il me faut ici craindre Monsieur Blanford et mon maudit mari. Lequel des deux est de moi plus haï ? Mon cœur l’ignore ; et, dans mon trouble extrême.