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462 LA PRUDE.

Que c’est un homme à fort méchante mine, Gros, court, basset, nez camard, large échine. Le dos en voûte, un teint jaune et tanné, Un sourcil gris, un œil de vrai damné.

BLANFORD.

Le beau portrait I qui pui*-je y reconnaître ? Jaune, tanné, gris, gros, court : qui peut-ce être ? En vérité, vous vous moquez de moi.

ÂDINE.

Éprouvez donc, monsieur, ma bonne foi : Je vous apprends que la même personne Ce soir chez elle un rendez-vous me donne,

BLANFORD.

Un rendez-vous chez madame Burlet ?

ADINE.

Eh ! non : jamais ne serez-vous au fait ?

BLANFORD.

Quoi ! chez madame ?, ..

ADINE.

Oui.

BLANFORD.

Chez elle ?

ADINE.

Oui, vous dis-je.

BLANFORD.

Que cette intrigue et m’étonne et m’afflige ! Un rendez-vous ? Dorfise, vous, ce soir ?

ADINE.

Si vous voulez, vous y pourrez me voir, Ce même soir, sous un habit de fille. Qu’elle m’envoie et duquel je m’habille. Par rhuis secret je dois être introduit Chez cet objet dont l’amour vous séduit. Chez cet objet si fidèle et si sage.

BLANFORD

Ceci commence à me remplir de rage ; Et j’aperçois d’un ou d’autre côté Toute l’horreur de la déloyauté. Ne mens-tu point ?

ADINE.

Mon âme, mal connue, Pour vous, monsieur, se sent trop prévenue