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ACTE TROISIÈME


Scène I

ZULIME, ATIDE.
zulime.

Hélas ! vous n’aimez point : vous ne concevez pas
Tous ces soulèvements, ces craintes, ces combats.
Ce reflux orageux du remords et du crime.
Que je me hais ! j’outrage un père magnanime,
Un père qui m’est cher, et qui me tend les bras.
Que dis-je ? l’outrager ! j’avance son trépas :
Malheureuse !

atide.

Après tout, si votre âme attendrie
Craint d’accabler un père, et tremble pour sa vie.
Pardonnez ; mais je sens qu’en de tels déplaisirs
Un grand cœur quelquefois commande à ses soupirs ;
Qu’on peut sacrifier…

zulime.

Que prétends-tu me dire ?
Sacrifier l’amour qui m’enchaîne à Ramire !
A quels conseils, grand Dieu ! faut-il s’abandonner ?
Ai-je pu les entendre ? ose-t-on les donner ?
Toute prête à partir, vous proposez, barbare,
Que, moi qui l’ai conduit, de lui je me sépare !
Non, mon père en courroux, mes remords, ma douleur,
De ce conseil affreux n’égalent point l’horreur.

atide.

Mais vous-même à l’instant, à vos devoirs fidèle.
Vous disiez que l’amour vous rend trop criminelle.

zulime.

Non, je ne l’ai point dit, mon trouble m’emportait ;
Si je parlais ainsi, mon cœur me démentait.