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Nos soldats triomphants, enrichis, pleins de gloire,
Font voler son nom jusqu'aux cieux.

FANIE
Il se dérobe à leurs chants de victoire ;
Seul, sans pompe, et sans suite, il vient orner ces lieux.

PLAUTINE
Il faut à des héros vulgaires
La pompe et l'éclat des honneurs ;
Ces vains appuis sont nécessaires
Pour les vaines grandeurs.
Trajan seul est suivi de sa gloire immortelle ;
On croit voir près de lui l'univers à genoux ;
Et c'est pour moi qu'il vient ! ce héros m'est fidèle !
Grands dieux ! vous habitez dans cette âme si belle,
Et je la partage avec vous !

TRAJAN, PLAUTINE, SUITE

PLAUTINE, courant au-devant de Trajan.
Enfin, je vous revois ; le charme de ma vie
M'est rendu pour jamais.

TRAJAN
Le ciel me vend cher ses bienfaits,
Ma félicité m'est ravie.
Je reviens un moment pour m'arracher à vous,
Pour m'animer d'une vertu nouvelle,
Pour mériter, quand Mars m'appelle,
D'être empereur de Rome, et d'être votre époux.

PLAUTINE
Que dites-vous ? Quel mot funeste !
Un moment, vous, ô ciel ! un seul moment me reste,
Quand mes jours dépendaient de vous revoir toujours.

TRAJAN
Le ciel en tous les temps m'accorda son secours ;
Il me rendra bientôt aux charmes que j'adore.
C'est pour vous qu'il fait mon coeur.
Je vous ai vue, et je serai vainqueur.

PLAUTINE
Quoi ! ne l'êtes-vous pas ? Quoi ? serait-il encore
Un roi que votre main n'aurait pas désarmé ?