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SUITE DE L'ENVIE
Notre gloire est de détruire,
Notre sort est de nuire ;
Nous allons renverser ces affreux monuments ;
Nos coups redoutables
Sont plus inévitables
Que les traits de la Mort et le pouvoir du Temps.

L'ENVIE
Hâtez-vous, vengez mon outrage ;
Des Muses que je hais embrasez le bocage ;
Ecrasez sous ces fondements
Et la Gloire et son temple, et ses heureux enfants,
Que je hais encore davantage.
Démons, ennemis des vivants,
Donnez ce spectacle à ma rage.

(Les Suivants de l'Envie dansent et forment un ballet figuré ; un héros vient au milieu de ces furies, étonnées à son approche ; il se voit interrompu par les suivants de l'Envie, qui veulent en vain l'effrayer.)

APOLLON entre, suivi des Muses, de demi-dieux et de héros.

APOLLON
Arrêtez, monstres furieux.
Fuis mes traits, crains mes feux, implacable furie.

L'ENVIE
Non, ni les mortels ni les dieux
Ne pourront désarmer l'Envie.

APOLLON
Oses-tu suivre encor mes pas ?
Oses-tu soutenir l'éclat de ma lumière ?

L'ENVIE
Je troublerai plus de climats
Que tu n'en vois dans ta carrière.

APOLLON
Muses et demi-dieux, vengez-moi, vengez-vous.

(Les héros et les demi-dieux saisissent l'Envie.)

L'ENVIE
Non, c'est en vain que l'on m'arrête.

APOLLON
Etouffez ces serpents qui sifflent sur sa tête.

L'ENVIE
Ils renaîtront cent fois pour servir mon courroux.