Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/353

Cette page n’a pas encore été corrigée

PREFACE’

Après une victoire signalée*, après la prise de sept villes à la vue d’une armée ennemie, et la paix offerte par le vainqueur, le spectacle le plus convenable qu’on pût donner au souverain et à la nation qui ont fait ces grandes actions, était le Temple de la Gloire.

Il était temps d’essayer si le vrai courage, la modération, la clémence qui suit la victoire, la félicité des peuples, étaient des sujets aussi susceptibles d’une musique touchante que de simples dialogues d’amour, tant de fois répétés sous des noms différents, et qui semblaient réduire à un seul genre la poésie lyrique.

Le célèbre Metastasio, dans la plupart des fêtes qu’il composa pour la cour de l’empereur Charles VI, osa faire chanter des maximes de morale, et elles plurent : on a mis ici en action ce que ce génie singulier avait eu la hardiesse de présenter sans le secours de la fiction et sans l’appareil du spectacle.

Ce n’est pas une imagination vaine et romanesque que le trône de la Gloire élevé auprès du séjour des Muses, et la caverne de l’Envie placée entre ces deux temples. Que la Gloire doive nommer l’homme le plus digne d’être couronné par elle, ce n’est là que l’image sensible du jugement des honnêtes gens, dont l’approbation est le prix le plus flatteur que puissent se proposer les princes ; c’est cette estime des contemporains qui assure celle de la postérité ; c’est elle qui a mis les Titus au-dessus des Domitien, Louis XII au-dessus de Louis XI, et qui a distingué Henri IV de tant de rois.

On introduit ici trois espèces d’hommes qui se présentent à la

1. Par Voltaire. Ello est dans rédition originale. Paris, Ballard, 1745, in-4<>.(B.)

2. La victoire de Fontenoi, gagnée le 11 mai 1745, avait été suivie de la prise do Tournai, et successivement de celles de Gaod, Bruges, Oudenarde, Dendermonde, Ostendc, Nicuport, Ath.