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LE DUC DE FOIX

Je n’ai trompé personne, si je fais des vœux
Ces vœux font trop cachés, et tremblent de paraître.
Ne jugez point de moi par ces frivoles jeux.
Une fête est un hommage,
Que la galanterie, ou bien la vanité,
Sans en prendre aucun avantage,
Quelquefois donne à la beauté.
Si j’aimais, si j’osais m’abandonner aux flammes
De cette passion, vertu des grandes âmes,
J’aimerais constamment sans espoir de retour ;
Je mêlerais dans le silence
Les plus profonds respects au plus ardent amour.
J’aimerais un objet d’une illustre naissance.

SANCHETTE

à part.

Mon père est bon Baron.

LE DUC DE FOIX

Un objet ingénu.

SANCHETTE

Je la suis fort[1].

LE DUC DE FOIX

Doux, fier, éclairé, retenu,
Qui joindrait sans effort, l’esprit et l’innocence.

SANCHETTE

à part.

Est — ce moi ?

LE DUC DE FOIX

J’aimerais certain air de grandeur,
Qui produit le respect sans inspirer la crainte,
La beauté sans orgueil, la vertu sans contrainte,
L auguste majesté sur le visage empreinte,
Sous les voiles de la douceur.

SANCHETTE

De la madéfié ! moi !

LE DUC DE FOIX

Si j’écoutais mon cœur,
Si j’aimais, j’aimerais avec délicatesse
Mais en brûlant avec transport :
Et je cacherais ma tendresse,
Comme je dois cacher mes malheurs mon fort.

  1. C’est ainsi qu’on lit dans toutes les éditions donnée du vivant de l’auteur. (B.)