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LEONOR

Il me paraît brillant, fort heureux et nouveau.

MORILLO

La porte était gardée avec de beaux gens — d’armes ;
Eh, eh, l’on n’est pas neuf dans le métier des armes.

SANCHETTE

C’est magnifiquement recevoir nos adieux ;
Toujours le souvenir m’en fera précieux.

MORILLO

Je le crois.
Vous pourriez voyager par le monde Sans être festoyée, ainsi qu’on l’est ici :
Soyez sage, demeurez— y ;
Cette fête, ma foi, n’aura pas sa seconde,
Vous chômerez ailleurs.
Quand je vous parle ainsi,
C’est pour votre seul bien ; car pour moi, je vous jure,
Que si vous décampez, de bon cœur je l’endure,
Et quand il vous plaira, vous pourrez nous quitter.

CONSTANCE

De cette offre polie il nous faut profiter ;
Par cet autre côté, permettez que je sorte.

LEONOR

On nous arrête encor à la seconde porte ?

CONSTANCE

Que vois— je, quels objets ! Quels spectacles charmants !

LEONOR

Ma nièce, c’est ici le pays des romans. ?

(Il sort de cette seconde porte une troupe de danseurs et de danseuses avec des tambours de basque des tambourins.[1])

Après cette entrée, Léonor se trouve à côté de Morillo, et lui dit :

Qui font donc ces gens — ci ?

MORILLO

au Duc de Foix.

C’est à toi de leur dire
Ce que je ne fais point.

LE DUC DE FOIX

A Princesse de Navarre

Ce sont des gens savants,
Qui dans le ciel tout courant savent lire,

  1. « Y a—t—il rien, écrit Voltaire au duc de Richelieu, de plus contrasté et de plus magnif‍ique, j’ose dire de plus neuf ? Où trouvera-t-on une femme persécutée, arrêtée par des fêtes à toutes les portes par où elle veut sortir? »