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Scène VII

Mérope, Isménie, Narbas, peuple, soldats.

On voit dans le fond du théâtre le corps de Polyphonte couvert d'une robe sanglante.

Mérope

Guerriers, prêtres, amis, citoyens de Messène,  
Au nom des dieux vengeurs, peuples, écoutez-moi.
Je vous le jure encore, Égisthe est votre roi :
Il a puni le crime, il a vengé son père.
Celui que vous voyez traîné sur la poussière,
C'est un monstre ennemi des dieux et des humains :  
Dans le sein de Cresphonte il enfonça ses mains.
Cresphonte mon époux, mon appui, votre maître,
Mes deux fils sont tombés sous les coups de ce traître.
Il opprimait Messène, il usurpait mon rang ;
Il m'offrait une main fumante de mon sang.
En courant vers Égisthe, qui arrive la hache à la main.
Celui que vous voyez, vainqueur de Polyphonte,
C'est le fils de vos rois, c'est le sang de Cresphonte ;
C'est le mien, c'est le seul qui reste à ma douleur.
Quels témoins voulez-vous plus certains que mon coeur ?
Regardez ce vieillard ; c'est lui dont la prudence 
Aux mains de Polyphonte arracha son enfance.
Les dieux ont fait le reste.

Narbas

Oui, j'atteste ces dieux
Que c'est là votre roi qui combattait pour eux.

Égisthe

Amis, pouvez-vous bien méconnaître une mère ?
Un fils qu'elle défend ? Un fils qui venge un père ?
Un roi vengeur du crime ?

Mérope

Et si vous en doutez,
Reconnaissez mon fils aux coups qu'il a portés,
À votre délivrance, à son âme intrépide.
Eh ! Quel autre jamais qu'un descendant d'Alcide,
Nourri dans la misère, à peine en son printemps, 
Eût pu venger Messène et punir les tyrans ?