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Vous achetiez sa mort avec mon hyménée.
La vengeance à ce point a pu vous captiver ;
L'amour fera-t-il moins quand il faut le sauver.

Mérope

Quoi, barbare !

POLYPHONTE

Madame, il y va de sa vie. 
Votre âme en sa faveur paraît trop attendrie
Pour vouloir exposer à mes justes rigueurs,
Par d'imprudents refus, l'objet de tant de pleurs.
Mérope
Seigneur, que de son sort il soit du moins le maître.
Daignez...

POLYPHONTE

C'est votre fils, madame, ou c'est un traître. 
Je dois m'unir à vous pour lui servir d'appui ;
Ou je dois me venger et de vous et de lui.
C'est à vous d'ordonner sa grâce ou son supplice.
Vous êtes en un mot sa mère, ou sa complice.
Choisissez ; mais sachez qu'au sortir de ces lieux
Je ne vous en croirai qu'en présence des dieux.
Vous, soldats, qu'on le garde ; et vous, que l'on me suive.

À Mérope.

Je vous attends ; voyez si vous voulez qu'il vive ;
Déterminez d'un mot mon esprit incertain ;
Confirmez sa naissance en me donnant la main.
Votre seule réponse ou le sauve ou l'opprime.
Voilà mon fils, madame, ou voilà ma victime.
Adieu.

Mérope

Ne m'ôtez pas la douceur de le voir ;
Rendez-le à mon amour, à mon vain désespoir.

POLYPHONTE

Vous le verrez au temple.

Égisthe, que les soldats emmènent.

Ô reine auguste et chère ! 
Ô vous que j'ose à peine encor nommer ma mère !
Ne faites rien d'indigne et de vous et de moi :
Si je suis votre fils, je sais mourir en roi.