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Euryclès

Si les droits de ce fils au roi font quelque ombrage,
De son salut au moins votre hymen est le gage.  
Prêt à s'unir à vous d'un éternel lien,
Votre fils aux autels va devenir le sien.
Et dût sa politique en être encor jalouse,
Il faut qu'il serve Égisthe alors qu'il vous épouse.

Narbas

Il vous épouse ! Lui ! Quel coup de foudre ! ô ciel !

Mérope  

C'est mourir trop longtemps dans ce trouble cruel.
Je vais...

Narbas

Vous n'irez point, ô mère déplorable !
Vous n'accomplirez point cet hymen exécrable.

Euryclès

Narbas, elle est forcée à lui donner la main.
Il peut venger Cresphonte.

Narbas

Il en est l'assassin.

Mérope  

Lui ? Ce traître ?

Narbas

Oui, lui-même ; oui, ses mains sanguinaires
Ont égorgé d'Égisthe et le père et les frères :
Je l'ai vu sur mon roi, j'ai vu porter les coups ;
Je l'ai vu tout couvert du sang de votre époux.

Mérope

Ah, dieux !

Narbas

J'ai vu ce monstre entouré de victimes ;  
Je l'ai vu contre vous accumuler les crimes :
Il déguisa sa rage à force de forfaits ;
Lui-même aux ennemis il ouvrit ce palais.
Il y porta la flamme ; et parmi le carnage,
Parmi les traits, les feux, le trouble, le pillage, 
Teint du sang de vos fils, mais des brigands vainqueur,
Assassin de son prince, il parut son vengeur.
D'ennemis, de mourants, vous étiez entourée ;
Et moi, perçant à peine une foule égarée,
J'emportai votre fils dans mes bras languissants.  
Les dieux ont pris pitié de ses jours innocents :