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ZULIME.

Mais j’atteste le Dieu qui soutient mon courage,
Et qui donne à son gré l’empire et Tesciavage,
Que ma reconnaissance et mes engagements...

zulime.

Pour me prouver vos feux vous faut-il des serments ?
En ai-je demandé quand cette main tremblante
A détourné la mort à vos regards présente ?
Si mon âme aux frayeurs se peut abandonner.
Je ne crains que mon sort : puis-je vous soupçonner ?
Ah ! les serments sont faits pour un cœur qui peut feindre.
Si j’en avais besoin, nous serions trop à plaindre *.

RAMIRE.

Que mes jours, immolés à votre sûreté...

ZULIME.

Conservez-les, cher prince, ils m’ont assez coûté.
Peut-être que je suis trop faible et trop sensible ;
Mais enfin tout m’alarme en ce séjour horrible :
Vous-même, devant moi, triste, sombre, égaré.
Vous ressentez le trouble où mon cœur est livré.

ATIDE.

Vous vous faites tous deux une pénible étude
De nourrir vos chagrins et votre inquiétude.
Dérobez-vous, madame, aux peuples irrités
Qui poursuivent sur nous Texcès de vos bontés.
Ce palais est peut-être un rempart inutile ;
Le vaisseau vous attend, Valence est votre asile.
Calmez de vos chagrins l’importune douleur
Vous avez tant de droits sur nous... et sur son cœurl
Vous condamnez sans doute une crainte odieuse.
Votre amant vous doit tout ; vous êtes trop heureuse !

ZULIME.

Je dois Têtre, et Thymen qui va nous engager...

1. Imitation de ces vers de Bérénice^ acte II, scène iv :

Bh quoi I tous me jarez une étemelle ardeur,
Bt vous me la jurez avec cette froideur ?
Pourquoi mâme du ciel attester la puissance ?
Faut-il par des serments vaincre ma défiance ?
Mon cœur ne prétend point, seigneur, vous démentir ;
Et je vous on croirai sur un simple soupir.

On lit dans Adélaïde, acte III, scène ii :

J’atteste ici le ciel, témoin do ma conduite...
Mais pourquoi l’attester ? Nemours, suis-je réduite,
Pour vous persuader de si vrais sentiments,
Au secours inutile et honteux des serments.