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ZULIME.

Bénassar avec peine assemblait une armée ;
Et quand vos citoyens, par nos soins respirant,
A quelque ombre de paix ont porté vos tyrans,
Ces Turcs impérieux, qu’aucun devoir n’arrête,
De Ramire et des siens ont demandé la tête ;
Et de votre divan la basse cruauté
Souscrivait en tremblant à cet affreux traité.
De Zulime pour nous la bonté généreuse
Vous épargna du moins une paix si honteuse.
Elle acquitte envers nous ce que vous nous devez.
N’insultez point ici ceux qui vous ont sauvés :
Respectez plus Ramire et ces guerriers si braves ;
Ils sont vos défenseurs, et non plus vos esclaves.

MOHADIR, à Zulime.

Votre secret, Zulime, est enfin révélé :
Ainsi donc par sa voix votre cœur a parlé ?

zulime.

Oui, je l’avoue.

MOHADIR.

Ah, Dieu !

ZULIME.

Coupable, mais sincère,
Je ne puis vous tromper... Tel est mon caractère.
<poem>
MOHADIR.
<poem>
Vous voulez donc charger d’un affront si nouveau
Un père infortuné qui touche à son tombeau ?

ZULIME.

Vous me faites frémir.

MOHADIR.

Repentez-vous, Zulime ;
Croyez-moi, votre cœur n’est point né pour le crime*.

ZULIME.

Je me repens en vain ; tout va se déclarer :
Il est des attentats qu’on ne peut réparer.
Il ne m’appartient pas de soutenir sa vue ;
J’emporte, en le quittant, le remords qui me tue.

1. Voltaire a dit dans Êriphyle :

Mon cœur, yoqs lo sayez, n’est pas né pour le crime.

Dans Adélaïde du GwscHny acte IH, scène i*"* :

<poem>Son cœur, je le vois bien, n’est pas né pour le crime.<poem>