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Je mourrais du plaisir de les revoir encore.
Arbitre des destins, daignez veiller sur eux ;
Qu’ils pensent comme moi, mais qu’ils soient plus heureux !

Séide.

Il court à ses faux dieux ! frappons.

(Il tire son poignard.)
Palmire.

Il court à ses faux dieux ! Frappons.Que vas-tu faire ?
Hélas !

Séide.

Hélas !Servir le ciel, te mériter, te plaire.
Ce glaive à notre dieu vient d’être consacré ;
Que l’ennemi de Dieu soit par lui massacré !
Marchons. Ne vois-tu pas dans ces demeures sombres
Ces traits de sang, ce spectre, et ces errantes ombres ?

Palmire.

Que dis-tu ?

Séide.

Que dis-tu ?Je vous suis, ministres du trépas :
Vous me montrez l’autel ; vous conduisez mon bras.
Allons.

Palmire.

Allons.Non ; trop d’horreur entre nous deux s’assemble.
Demeure.

Séide.

Demeure.Il n’est plus temps ; avançons : l’autel tremble.

Palmire.

Le ciel se manifeste, il n’en faut pas douter.

Séide.

Me pousse-t-il au meurtre, ou veut-il m’arrêter ?
Du prophète de Dieu la voix se fait entendre ;
Il me reproche un cœur trop flexible et trop tendre ;
Palmire !

Palmire.

Palmire !Eh bien ?

Séide.

Palmire ! Eh bien ?Au ciel adressez tous vos vœux.
Je vais frapper.

(Il sort, et va derrière l’autel où est Zopire.)
Palmire.

Je vais frapper.Je meurs ! ô moment douloureux !
Quelle effroyable voix dans mon âme s’élève !