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ZULIME

TRAGÉDIE



ACTE PREMIER


Scène I

ZULIME, ATIDE, MOHADIR.
zulime, d’une voix basse et entrecoupée, les yeux baissés, et regardant à peine Mohadir.

Allez, laissez Zulime aux remparts d’Arsénié :
Partez ; loin de vos yeux je vais cacher ma vie ;
Je vais mettre à jamais, dans un autre univers,
Entre mon père et moi la barrière des mers.
Je n’ai plus de patrie, et mon destin m’entratne.
Retournez, IWohadir, aux murs de Trémizène,
Consoler les vieux ans de mon père affligé :
Je l’outrage, et je l’aime ; il est assez vengé.
Puissent les justes cieux changer sa destinée I
Puisse-t-il oublier sa fille infortunée !

mohadir.

Qui ? lui, vous oublier ! grand Dieu, qu’il en est loin !
Que vous prenez, Zulime, un déplorable soin !
Outragez-vous ainsi le père le plus tendre,
Qui pour vous de son trône était prêt à descendre ?
Qui, vous laissant le choix de tant de souverains.
De son sceptre avec joie aurait orné vos mains !
Quoi ! dans vous, dans sa fille, il trouve une ennemie I
Dans cet affreux dessein seriez-vous affermie ?
Ah ! ne l’irritez point, revenez dans ses bras.
Mes conseils autrefois ne vous révoltaient pas ;