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le moindre ordre donné sur ce sujet, mais il s’en faut beaucoup que les premières têtes de l’État, qui virent la représentation, aient varié un moment sur la sagesse qui règne dans cet ouvrage.

Quelques personnes ayant transcrit à la hâte plusieurs scènes aux représentations, et ayant eu un ou deux rôles des acteurs, en ont fabriqué les éditions qu’on a faites clandestinement. Il est aisé de voir à quel point elles diffèrent du véritable ouvrage que je donne ici. Cette tragédie est précédée de plusieurs pièces intéressantes, dont une des plus curieuses, à mon gré, est la lettre[1] que l’auteur écrivit à Sa Majesté le roi de Prusse, lorsqu’il repassa par la Hollande après être allé rendre ses respects à ce monarque. C’est dans de telles lettres, qui ne sont pas d’abord destinées à être publiques, qu’on voit les véritables sentiments des hommes. J’espère qu’elles feront aux vrais philosophes le même plaisir qu’elles m’ont fait.

À Amsterdam, le 18 de novembre 1742.
P. D. L. M.[2]
  1. Cette lettre au roi de Prusse n’étant pas une épître dédicatoire (Voltaire le dit lui-même dans sa lettre à d’Argental, du mois de novembre 1742), a été réservée pour la correspondance de Voltaire avec Frédéric. Mais malgré la date de Rotterdam, 20 janvier 1742, qu’on lui a toujours donnée jusques à nos jours (1820), elle est de décembre 1740. Ce fut en 1740 (et non 1742) que Voltaire alla rendre ses respects au monarque prussien. Voltaire, dans sa lettre à d’Argental, du mois de novembre 1742, dit que c’est deux ans auparavant qu’il avait écrit cette lettre au roi de Prusse. Enfin, le lieu même d’où elle est datée prouve encore qu’elle appartient à 1740. Voltaire partit de Potsdam les premiers jours de décembre 1740, était à Clèves le 15 du même mois, mais ne fut de retour à Bruxelles que le 2 ou 3 janvier 1741 : c’est ce que nous apprend une lettre de Mme du Chàtelet, du 3 janvier 1741. Il avait été retenu douze jours sur l’eau dans les glaces de La Haye à Bruxelles. Rotterdam est sur la route : c’est peut-être à Rotterdam que Voltaire avait été retenu, et, pendant son séjour forcé, qu’il avait écrit sa lettre au roi de Prusse, qui ne peut être que du 20 au 30 décembre 1740. (B.)
  2. Ces initiales désignent P. de Lamare. (B.)