par une classe ; et isolant tous les citoyens par la défiance, il fit sa force de leur faiblesse, et leur imposa un joug d’opinion, dont ils se serrèrent mutuellement les noeuds. Par l’armée, il s’empara des contributions ; par les contributions, il disposa de l’armée ; par le
jeu correspondant des richesses et des places, il
enchaîna tout un peuple d’un lien insoluble, et
les états tombèrent dans la consomption lente du
despotisme.
Ainsi, un même mobile, variant son action sous
toutes les formes, attaqua sans cesse la
consistance des états, et un cercle éternel de
vicissitudes naquit d’un cercle éternel de passions.
Et cet esprit constant d’égoïsme et d’usurpation
engendra deux effets principaux également funestes :
l’un, que divisant sans cesse les sociétés dans
toutes leurs fractions, il en opéra la faiblesse, et
en facilita la dissolution ; l’autre, que
tendant toujours à concentrer le pouvoir en une
seule main, il occasionna un engloutissement
successif de sociétés et d’états, fatal à leur
paix et à leur existence communes.
En effet, de même que dans un état, un parti
avait absorbé la nation, puis une famille le parti,
et un individu la famille ; de même il s’établit
d’état à état un mouvemen d’absorption, qui
déploya en grand, dans l’ordre politique, tous
les maux particuliers de l’ordre civil. Et une
cité ayant subjugué une cité, elle se
l’asservit, et en composa une province ; et deux
provinces s’étant englouties, il s’en forma un
royaume : enfin, de