Page:Vogüé - Le Portrait du Louvre, paru dans le Journal des débats, 25 décembre 1886.djvu/6

Cette page a été validée par deux contributeurs.

passent dans la vie sans aubaines, mais sans conflits, ne demandant rien à la vie de ce que les autres y convoitent, cherchant uniquement ce dont les autres n’ont pas souci. Ses camarades le laissèrent à son humeur. Pour expliquer ce qu’elle trahissait d’un peu bizarre et d’absorbé, les uns disaient qu’il avait rapporté d’un voyage en Orient l’habitude de l’opium ou du haschisch ; soupçon vague que rien ne confirmait. D’autres prétendaient, avec plus de vraisemblance, qu’il nourrissait un sentiment contrarié. Durant un temps, on l’avait vu fort assidu chez une personne d’une grande séduction, très admirée dans les cercles d’artistes ; c’était une vaine, une coquette, belle à la folie, trop étourdie du bruit de son succès pour entendre souffrir une âme silencieuse. Était-ce par elle qu’il souffrait, et souffrait-il ? On ne sait jamais, avec ces gens