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semblaient l’admettre plus volontiers au mystère de leurs réunions. Ce qu’il faisait durant la journée, il n’eût pu le dire ; il était très las, dans un demi-sommeil, insensible aux choses extérieures.

Vint le jour de Noël. Un souvenir se réveilla dans son esprit, l’idée d’une obligation fâcheuse à remplir. Cette idée revenait de fort loin d’une existence presque abolie, comme la lettre qu’on reçoit d’un pays où l’on a séjourné jadis. Il sortit. L’agitation bruyante de la foule le tira un instant hors de lui-même ; encore une fois, le flot de la vie présente le ressaisissait. Dans la maison où il reparaissait après une longue absence, on lui marqua de la surprise, puis du dédain. Il faisait aux autres et se faisait à lui-même l’effet d’un mort qui revient chercher sa place, occupée par des héritiers. Tout lui était souffrance aiguë, plaie rouverte, près de la per-