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chait plus à comprendre. Lui qui savait si bien que tout ce monde vivait, comment se fût-il émerveillé de le voir en mouvement ? Il ne s’étonnait même pas du signe certain de la vie, quand une robe ou un manteau projetait sur le sol une ombre, mais si légère, si diaphane ! Il s’abandonnait à l’ivresse de ce bal silencieux, poursuivant dans leur fuite les formes familières. Elles se mêlaient en des groupemens nouveaux ; il reconnaissait, rassemblés aux extrémités de la salle, des gens de Venise, des gens de Florence, des bourgeois flamands, des saints espagnols. Autour des Vierges, des religieux en extase ; près des dames de beauté, des hommes réunis pour les contempler, avec des yeux heureux, sans trouble et sans désir, recueillis dans une félicité accomplie. Plus que jamais, il lisait sur tous ces visages la joie intérieure d’une pensée ininterrompue, la grande douceur de