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midi.

une exclamation de surprise heureuse lui échappa. Quelle joie ! Ma petite attention la charmait. C’était bien peu de chose : j’avais fait couper de grosses gerbes de glaïeuls, j’en avais jonché mon pauvre bateau, pour le rendre digne de sa fortune ; les longues palmes sommées de fleurs rouges se redressaient tout le long du bordage. C’est vrai qu’elles triomphaient dans cette lumière, les aigrettes carminées retombant sur la coque verte, sur la nappe bleue qu’elles flambaient de reflets sanglants. Hélène s’assit dans ce buisson ardent, la voile rose du Souvenir se déploya sur sa tête, nous partîmes en laissant derrière nous la mer incendiée de notre image. Le teint animé par les réverbérations des fleurs et de la voile, et plus encore par le bonheur, nimbée de ses cheveux ensoleillés, penchée sur l’eau dont les clairs frissons passaient dans ses prunelles, mon éblouissante amie commandait l’adoration, elle était vraiment la déesse de la fantastique aurore que nous faisions relever sur l’azur environnant.

Quand nous quittâmes la côte longée depuis le départ, au tournant du cap Bénat, la lumière commença de décroitre ; ce jour aussi devait finir ! D’une chapelle cachée à l’inté-