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midi.

tyrannies des intelligences étrangères qui prétendaient façonner la sienne. Les notions abstraites, les idées desséchées dans les livres ne lui disaient rien ; son Dieu, elle le cberchait d’une adoration passionnée, mais dans un ciel tout différent de celui que ses institutrices avaient construit. Ses leçons efficaces d’idées, de sentiments, de piété, elle ne les recevait et ne les acceptait que des arbres, des étangs, des oiseaux du parc, éducateurs fraternels qui avaient seuls trouvé les chemins d’accès à l’entendement et à la sensibilité de leur élève.

De son mariage, elle parle à contre-cœur, très peu, comme d’une formalité accomplie sans elle, tandis qu’elle était ailleurs, dans sa retraite idéale d’outre-terre. Hélène ne se plaint jamais de l’homme qui l’emmena un jour dans une nouvelle maison, où elle se sentit aussi étrangère qu’auparavant dans la maison paternelle, quand elle y rentrait en s’arrachant du parc. Elle n’accuse personne de son entourage intime. « Je ne les crois pas mauvais, dit-elle, mais ils sont autres, nous n’avons rien en commun, c’est un malheur pour eux et pour moi. » Un de ces nombreux malheurs que la vie apporte fatalement, une