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midi.

douce et déconcertante Hélène. Hélène… déjà ce nom s’enlace autour de chacune de mes pensées, liante caresse des roses de son jardin autour des cyprès. J’ai vécu les meilleures heures de ces journées chez elle. Chez elle ! Cette expression n’a pas de sens. Dans le salon de la villa, dans le petit cabinet où elle préfère me recevoir, rien ne décèle la présence habituelle d’une activité humaine. L’œil cherche vainement le livre, l’ouvrage, l’agencement de meubles, l’ordre ou le désordre des bibelots familiers, tous ces prolongements de la personnalité qui marquent sur un lieu l’empreinte de la femme, qui révèlent ses goûts, son caractère. À la villa des Cyprès, les pièces vides, impersonnelles, ressemblent à la chambre d’auberge qu’un voyageur vient de quitter, où un autre va s’installer pour quelques heures, où ces hôtes de passage ne laissent aucune ombre de leur âme sur les choses indifférentes. Cette singularité m’a donné d’abord une impression de froid ; elle ajoutait à la gêne du premier entretien, et j’en avais pris une prévention défavorable contre la femme moralement absente de son logis. Hélène s’en aperçut.

— Oui, me dit-elle, vous me cherchez où