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j’ai très vive la mémoire des parfums ; pourtant je ne me rappelais aucune sensation analogue, si ce n’est peut-être l’odeur faible et énervante qui tombe de nos tilleuls d’Ukraine, quand ils fleurissent en juin tout autour de la maison. Enfin cette jolie petite machine respirait une grâce secrète, une malice provocante ; je m’attardais à jouer avec elle, à la draper dans la clarté pour lui donner tout son relief, quand j’aperçus le Salvolini grand ouvert sur mon bureau, m’attendant. J’eus honte de mon enfantillage, et je me plongeai dans ma chère lecture. Je dois dire qu’elle m’absorba moins que d’habitude. Le jardin qui s’étendait sous ma fenêtre, paré des dernières coquetteries de l’automne, attirait souvent mes regards ; ils retombaient invariablement sur les zibelines qui souriaient près de moi.

Ivan entra, apportant mon déjeuner, et fit le