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UNE FEMME M’APPARUT…

Un portrait d’elle, que j’avais commandé il y a quelque temps, m’est enfin parvenu, grâce à la complicité d’un Destin ironique. La plaie vive de mon être s’est encore envenimée à la contemplation de ce visage et de ces lèvres. Ah ! ces yeux froids qui m’ont percé l’âme de leurs regards sans tendresse !…

Elle fut mon premier amour, voyez-vous, je n’ai jamais aimé qu’elle. Je crois que je ne pourrai jamais aimer une autre femme de cette même passion furieuse et farouche.

Je ne sais point l’oublier aux heures oh je veux me distraire de cette idée fixe. J’ai fait discrètement la cour à une Espagnole fervemment parfumée comme une nuit de Mytilène. Mais ce n’est là qu’un jeu sans importance, un simple thème de conversation sur lequel il est plus agréable de broder que sur le thème trop usé de la pluie et du beau temps. Cela ressemble à l’amour vrai comme la peine d’une enfant ressemble à l’agonie d’une martyre.

N’est-ce pas ?

Je rêve d’une mort qui serait une volupté,