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UNE FEMME M’APPARUT…

doutes, ses hésitations, sa conversion finale, me resteraient impénétrables. Elle avait emporté son secret dans les ténèbres. Mon affection lui était devenue étrangère. J’étais le frivole, l’importun Autrefois, qu’elle n’avait point jugé digne de son souvenir.

Mais cette amertume fut bientôt oubliée en face de la beauté de cette mort. Ione était partie consolée, fût-ce par une illusion, fût-ce par une chimère. Elle avait eu la Foi qui surpasse la Raison.

« Elle est morte heureuse, » sanglotai-je éperdument… « Et qu’importe tout le reste ? Elle est morte heureuse. »

Ione, ma Consolatrice, je n’ai plus de mots devant l’Infini de ton sépulcre, devant l’aube de ton trépas. Si je le pouvais, je ne te rappellerais pas à l’existence mortelle. Je ne t’arracherais pas à la paix bienheureuse de ton sommeil. Si j’osais t’envier, j’envierais ton repos. Mais, quoi qu’il puisse advenir, je garderai ta mémoire, ta pure et fraîche mémoire… Ione, ô la meilleure tendresse de mon âme, je