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LES KITHARÈDES

vierges de Milet forcées par les Gaulois, attribuée à « Anyta de Mytilène ». Il est donc possible, encore une fois, il est même probable, que deux poétesses, Anyté et Anyta, ont existé, l’une fort avant le zénith de Psappha, l’autre fort après. Nous avons revêtu du nom d’Anyté la poétesse épique des harmonies martiales, et de celui d’Anyta la poétesse lyrique dont les poèmes sont des lys épars, les lys de Méléagre. L’épigramme sur le dauphin porte le nom de la poétesse qui l’écrivit paré du titre de μελοποιός, poétesse lyrique, ce qui fait imaginer que l’Aède en question a plus intimement aimé les μέλη. Que la familiarité avec laquelle nous traitons l’Histoire, plus impalpable ici que la légende, nous soit pardonnée. Il est parfois utile que la divination occupe le vide laissé par la critique.

Pausanias nous lègue une fable curieuse, et qui n’est point sans grâce, sur Anyté :

« Le temple d’Asklépios était en ruines : il fut reconstruit de fond en comble par un simple particulier, Phalysios. Il était malade des yeux et presque aveugle. Le dieu d’Épidaure lui envoie Anyté la poétesse, tenant des tablettes scellées. L’idée en vint à la femme dans un songe. Mais elle s’éveilla aussitôt et rentra dans la réalité. Et elle trouva dans ses mains des tablettes scellées, et, ayant fait voile pour Naupacte, elle ordonna à Phalysios d’enlever le cachet et de lire ce qui était écrit. D’autre