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ANNE BOLEYN

Parfois, s’étant plainte, ce qui l’apaisait un peu, elle se prenait d’espoir fugitif et disait, en riant :

« Je crois que le Roi n’a imaginé tout ceci que pour m’éprouver. »

Puis elle riait encore. Elle montrait une gaîté feinte, mille fois plus douloureuse que les franches larmes, — une gaîté abominable.



Parfois aussi cette royale victime s’égarait dans le délire. Elle jeta d’incohérentes prophéties. Elle prédit un jour « qu’il n’y aura plus de pluie en Angleterre avant que justice ne lui fût rendue. »

Dans l’impatience du désespoir elle disait encore :

« Si j’avais autour de moi mes évêques, tous ils plaideraient pour moi ! »

Mais Cranmer, qu’elle fit évêque, fut lent et peureux, ne sachant pas encore la nouvelle religion solidement établie. Il écrivit une lettre timide au Roi, plaidant de