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ANNE BOLEYN

parlait, parlait dans le délire), que les poètes chanteraient des ballades la célébrant dans son infortune.

« Nul ne pourrait en cela surpasser Thomas Wyatt, » disait-elle imprudemment, se souvenant, dans son extrémité du poète par qui elle fut aimée en vain, chantée vainement, et vainement pleurée.

Cette pauvre femme, qui fut Reine, vécut à demi entre l’angoisse de l’espérance et l’angoisse du désespoir.

« Pendant un moment, dit sir Thomas Kingston, elle se croit prête à mourir, mais, le moment d’après, c’est tout le contraire chez elle. »

Et le geôlier fut perspicace. Anne Boleyn peut se résigner à la mort, car elle est jeune encore et toujours belle. L’ardeur de la vie ne s’est pas encore éteinte dans son cœur.

« Hier, dit sir Thomas Kingston, je mandai vers elle ma femme et Mistress Cosyns, pour apprendre ce que fut pour elle cette journée. Elles dirent que la Reine se montra fort joyeuse, et fit un grand diner, et bientôt après fit porter le souper, s’étonnant de mon absence pendant tout le jour. »

« Je vins vers elle, qui me dit aussitôt : « Que fîtes-vous