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ANNE BOLEYN

Anne reprend :

« Quand vîtes-vous le Roi ?

— Je ne l’ai point vu depuis les dernières joutes, répond Sir Thomas Kingston.

— Ah ! maître Kingston, dites-moi, je vous en supplie, dites-moi où est maintenant mon pauvre frère et s’il vit encore ! »

Le lord-lieutenant répond alors qu’il le vit au palais de Whitehall, ce qui fut vrai.

« J’entends dire, poursuit la malheureuse Anne, que l’on m’accuse ainsi que trois hommes. Et je ne puis répondre autre chose que : Non. Norris, est-il vrai que tu as pu m’accuser ? Te voilà dans la Tour, en proie à je ne sais quels tourments, et toi et moi mourrons ensemble. Ma pauvre mère, tu mourras, toi aussi, de douleur… »

Enfin, s’arrachant aux sanglots, elle se tourna vers le goôlier.

« Messire Kingston, mourrai-je ainsi sans justice aucune ?

— Le plus pauvre sujet de Sa Majesté la reçoit, Madame. »

Un rire amer fut la seule réponse d’Anne Boleyn.