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ANNE BOLEYN

bonnes grâces, afin que, par l’absence, nous ne soyons pas diminués à vos yeux. Car cela serait augmenter notre douleur, ce qui serait grand’pitié, puisque aussi bien l’absence en donne assez, et plus que je n’eusse cru pouvoir être supportée par une créature humaine.

« Ceci fait revenir à mon esprit un fait d’astronomie. Il est, paraît-il, que plus lointains sont les pôles du soleil et plus leur ardeur est grande. Ainsi en est-il de notre amour : l’absence a placé l’espace entre nous et pourtant l’ardeur s’accroît. Du moins en est-il ainsi de mon côté.

« J’espère qu’il en est de même pour vous, et je vous assure que pour moi l’angoisse de l’absence est si grande qu’elle serait intolérable sans la ferme espérance que je garde de votre affection pour moi. Pour vous en faire souvenir, et parce que je ne puis moi-même être auprès de vous, je vous mande ici la chose qui m’est le plus semblable, c’est-à-dire mon portrait, avec la devise que vous savez bien, serti en ces bracelets[1] que je vous

  1. Autrefois les femmes portaient deux bracelets sur chaque bras.