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s’accompagne de la jouissance toute physique due à un confort bien entendu et à une élégance luxueuse. Aussi bien, ces dernières sensations réagissent-elles sur les premières : « Une salle est belle, de noble aspect, d’agréable confort et de couleur somptueuse, comme est par exemple celle de l’Opéra de Paris ; les spectateurs qui y pénètrent subissent une espèce d’impression morale à laquelle ils ne peuvent se soustraire complètement. Ils se sentent entourés, environnés, par une sorte d’atmosphère élégante qui influe sur leurs pensées, sur leur caractère, même sur leurs paroles et sur leur maintien ; ils sentent instinctivement qu’une certaine dignité est de circonstance et que trop de laisser aller serait inconvenant. Ce sentiment de réserve, cette direction élevée donnée à l’esprit qui agissent spontanément et se font sentir dès l’instant où l’on pénètre dans la salle, vous prédisposent immédiatement à l’audition de grandes œuvres ; l’influence du milieu vous domine, et tout ce qui en ferait brusquement sortir risquerait fort d’être mal venu et mal accueilli » [1].

Il s’ensuit logiquement qu’un théâtre ne saurait être sans inconvénients construit à l’aventure ni installé au premier lieu venu, mais que pour son édification, des règles précises s’imposent et que celles-ci concernent non seulement ses dispositions architecturales extérieures, son aménagement intérieur aux fins de sa destination, mais jusqu’au choix même de son emplacement.

  1. Ch. Garnier, Le théâtre, Hachette et Cie, in-8, 1871, p. 16.