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Mais n’attends rien de ce maigre coteau que recouvre un gravier stérile, et qui offre à peine à l’abeille quelques frêles tiges de lavande et de romarin. Il en est de même du tuf raboteux, et de la craie que semble avoir rongée la dent des noirs serpents : aucun terrain ne fournit à ces reptiles une pâture plus de leur goût et des retraites plus profondes.

Ce terrain poreux qui exhale des vapeurs et de légers brouillards, qui pompe et renvoie tour à tour l’humidité, qui se revêt constamment d’un vert gazon et qui n’attache point au fer les sels mordants de la rouille, ce terrain-là est fertile en oliviers ; il marie heureusement la vigne à l’ormeau, et la culture y trouve un fonds également propre aux troupeaux et docile à la charrue. Telles sont les plaines que cultive la riche Capoue, tels les vallons voisins du Vésuve ; tels ceux qu’arrose le Clain, où s’élève Acerra, Acerra qui déserte ses champs quand se déborde le fleuve redoutable.

Je vais dire maintenant à quels signes tu pourras reconnaître la qualité d’une terre, et distinguer si elle est forte ou légère, chose essentielle à savoir, car les terres fortes sont meilleures pour les dons de Cérès, et les terres légères pour ceux de Bacchus. Choisis d’abord