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chêne consacré à Jupiter, et à qui la Grèce demandait des oracles ; d’autres voient sortir de leurs racines une forêt de rejetons, comme l’orme et le cerisier ; le laurier même, si cher au Parnasse, naît et s’élève sous l’ombre immense de sa mère. Telles sont les premières voies que la nature a suivies dans la production des arbres : ainsi verdit leur espèce entière dans les forêts, dans les vergers et dans les bois sacrés.

Il est d’autres procédés qu’a trouvés l’expérience. Celui-ci, détachant une jeune tige du tronc maternel, la plante dans des sillons préparés ; celui-là enfonce dans la terre, soit la souche même, soit des branches fendues en quatre, ou taillées en pointe comme des pieux. Ailleurs on courbe en arc la branche flexible, et on la plonge vivante dans le sol qui l’a vue naître. D’autres plantes n’ont pas même besoin de racines, et l’émondeur se contente de trancher l’extrémité de la branche et de la confier ensuite à la terre. Prodige plus étonnant encore ! de nouvelles racines poussent du tronc desséché d’un olivier que le fer a coupé. Souvent même on a vu les rameaux d’un arbre greffé se changer en ceux d’un autre sans le faire souffrir :