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LE SECRET DE LA REINE CHRISTINE

Et j’aime aussi mes cousines que je suis prête à favoriser de toutes façons. Mais elles m’ennuient, avec leurs figures blanches et roses, leurs pompons, leurs mines confites, leurs révérences. Oh ! comme elles m’ennuient !

Une mèche de cheveux dans sa bouche à la lippe boudeuse, Christine se balançait sur sa chaise en donnant de grands coups de pied dans la table. Matthiae la considérait une lueur de malice aux yeux.

— Allons ! Allons ! Christine. Je vous souhaiterais plus de charité chrétienne et de douceur féminine… De plus, que Votre Majesté prenne garde à sa chaise. Sans quoi, elle se trouvera tout à coup par terre, comme l’autre jour, avec une grosse bosse sur son front royal.

Il riait. Puis, plus grave :

— Il est grand temps d’en revenir à nos études. Nous devons aujourd’hui, si je ne me trompe, expliquer les passages des Saintes Écritures qui justifieraient la fusion des deux religions réformées, la luthérienne et la calviniste. Ne m’avez-vous pas dit que tel était votre désir ?

— En effet, mon bon maître, répondit Christine soudain attentive.

— Nous lirons et commenterons ensuite le début du traité sur les astres, De spheris mundi, que vient de nous envoyer le savant mathématicien Johannes Bosco.

Christine battit des mains :

— Oh ! comme je suis contente ! J’aime tant savoir ce que font là-haut la lune et les étoiles !

— Et les langues ? Savez-vous qu’il y a un an aujourd’hui que j’ai commencé avec vous l’étude du français ? Je l’ai noté sur mon carnet. Le parlerons-nous ? Ou bien sera-ce l’allemand ? L’italien ?

— Ce sera le latin ! Je vous ai réservé une surprise, Monsieur.

En même temps qu’un petit poignard, une toupie, un éperon cassé, Christine tira de sa poche un parchemin un peu fripé, plié en quatre.

— Il est signé et daté ! s’écria-t-elle en l’agitant triomphalement. Écoutez !

D’une voix solennelle, elle déclama :

« Nos infra scriptae promittimus et adsbringimus nos hac nostra