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II


Deux heures. La grande salle de réception du Château Royal, pleine à déborder, bouillonnait comme un cratère. Non seulement il ne manquait aucun des membres des quatre ordres de l’État, mais la séance devant être publique, on avait laissé pénétrer tout ce que la vaste pièce, les antichambres et les couloirs pouvaient contenir de populaire.

Malgré le soleil rayonnant au dehors, il y régnait une quasi-obscurité. Les hautes fenêtres en ogive ne laissaient filtrer qu’une avare lumière à travers leurs petits carreaux verdis. Le plafond barré de lourdes poutres, les murs lambrissés, les sièges et les bancs massifs étaient également en chêne, noirci par le temps.

À peine si l’on distinguait les riches costumes aux couleurs vives, les cols et les manchettes de dentelle, les fraises tuyautées des seigneurs et des sénateurs, assis à droite de la salle ; et à l’extrémité de gauche, les bonnets fourrés des paysans, leurs barbes carrées et les peaux d’ours qu’en dépit de la chaleur, certains d’entre eux portaient en travers des épaules.

Au centre et un peu en avant, les ambassadeurs étrangers formaient un éclatant massif de velours, de soieries et de plumes, de broderies d’or et d’argent, de chamarrures, de croix et de joyaux qui piquaient l’ombre d’éclairs étincelants.