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ALEXIS DURAND.

déjà parcourir la forêt de Fontainebleau pour y faire une charge de bois, souvent énorme, mais qu’il trouvait légère, en songeant que sa pauvre mère, tout récemment veuve, et ses jeunes sœurs, dont quelques parents prenaient soin, le jour, et ramenaient, le soir, se réchaufferaient, grâce à sa laborieuse excursion. À huit ans, déjà perçait en lui un sentiment de libertė qui le rendait vagabond, inquiet et peu joueur. Il partait, le matin, avec un morceau de pain dans sa poche, et, toute la journée, il errait dans la forêt, cherchant des fruits sauvages, des nids d’oiseaux, tuant des vipères, et ramassant du bois.

Cette existence tout extérieure, mélange de mouvement et de contemplation oisive, devait indisposer l’enfant contre la règle et la discipline d’une école. Aussi ce fut avec beaucoup de peine que sa mère parvint à le faire entrer en pension chez M. Rabotin, aujourd’hui employé à la mairie de Fontainebleau. Il avait dix ans et demi quand il entra dans cette école, et il y resta